Pourquoi abandonner les châtiments corporels à l’école ?
Au Bénin, les châtiments corporels restent une pratique assez répandue dans de nombreux établissements scolaires. Et c’est inacceptable. Nous accordons beaucoup d’attention aux méthodes pédagogiques, aux innovations technologiques et à la fourniture de dispositifs visant à améliorer l’apprentissage. Mais tout investissement éducatif sera inutile si un enfant n’est pas en sécurité à l’école. Malheureusement, malgré la réforme législative réalisée, rendant les châtiments corporels illégaux dans tous les contextes, ces pratiques persistent toujours.
Qu’est ce que le châtiment corporel ?
Les châtiments corporels se définissent comme « le recours à la force physique par une personne en position d’autorité sur une personne dont elle a la responsabilité avec l’intention de provoquer un certain degré de douleur ou de malaise aussi léger soit- il »
Ces actes affectent profondément la capacité des élèves à apprendre ainsi que la capacité des enseignants à enseigner. Les élèves exposés aux châtiments corporels sont plus susceptibles d’adopter des comportements négatifs. Ils peuvent aussi régresser en termes d’apprentissage par rapport à leurs pairs qui n’ont pas été exposés à ces pratiques.
Raison utilisé pour justifier le châtiment corporel à l’école
Au Bénin, la culture et les croyances populaires justifient l’usage des châtiments corporels. Il faut frapper l’enfant pour qu’il abandonne ses mauvais comportements et le redresser. L’éducation rime avec redressement et on entend souvent « il faut redresser l’enfant comme un bâton », « l’enfant ne connaît pas Dieu, mais connaît le bâton ». En effet, l’enfant béninois est élevé dans une culture qui utilise le bâton comme solution pour amener les enfants à apprendre et à s’instruire. De plus, l’éducation chrétienne (la religion occupe une place principale au Bénin) considère les châtiments corporels comme une partie essentielle de l’éducation et l’enfant comme porteur du péché originel.
Les conséquences des châtiments corporels
En Afrique francophone, selon les données du PASEC, environ un tiers des enseignants (hommes et femmes) de 6e année ont déclaré avoir recours aux châtiments corporels en classe. Du côté des élèves, près de deux tiers des enfants/jeunes ont déclaré que des enseignants les avaient battus. En outre, un tiers des élèves ont déclaré avoir peur à l’école, ce qui a eu un effet négatif important et statistiquement significatif sur leurs résultats aux évaluations d’apprentissage.
Les châtiments corporels peuvent renforcer le développement de comportements violents chez l’enfant. En effet, les châtiments corporels risquent plus de déclencher des actes violents que d’améliorer le comportement des enfants.Ils peuvent créer un sentiment d’injustice, de victimisation chez l’enfant, ce qui peut compromettre son développement affectif. De même, les enfants victimes peuvent développer le réflexe de l’utilisation de la violence envers d’autres plus tard.
En outre, on associe aussi les châtiments corporels au décrochage scolaire, aux brimades et à d’autres comportements antisociaux. Ils peuvent également avoir un impact négatif sur des résultats tels que le bien-être social et émotionnel et laisser des cicatrices permanentes qui affectent la productivité plus tard dans la vie.
Approche de solution
Malgré l’existence de loi au Bénin interdisant le châtiment corporel aussi bien à l’école qu’à la maison, le problème demeure. Il est important d’éduquer le grand public, les professionnels concernant le changement des lois d’autant qu’aucune religion, croyance, situation économique ou méthode éducative ne saurait justifier les châtiments corporels.
Les vies des enseignants et des élèves sont interconnectées. Ils font partie d’un écosystème scolaire d’où l’importance qu’il existe une cohabitation saine entre eux.
Les écoles doivent être des endroits sûrs. Il faut prohiber toutes les formes de châtiments corporels à l’école. Mais il ne s’agit pas seulement de législation mais aussi de son application. Il faut faire évoluer de toute urgence les mentalités. Les enfants et les jeunes doivent se sentir respectés, valorisés et en sécurité à l’école. Si un enfant ou un jeune ne se sent pas le bienvenu et en sécurité à l’école, même la bonne pédagogie, la technologie la plus avancée ou les meilleurs espaces d’apprentissage ne permettront pas d’apprendre. Les châtiments corporels sont inacceptables et intolérables. Il constitue également un obstacle majeur à l’apprentissage.