Les langues nationales : un atout pour l’alphabétisation et l’éducation au Bénin
La langue joue un rôle essentiel dans le processus éducatif. Elle constitue une des bases de la construction des identités individuelles. L’éducation au Bénin est inspirée de l’occident, l’un des héritages de la colonisation. Pensez-vous que le Bénin puisse se développer sans que la jeunesse; l’avenir du pays n’apprenne tout ce qu’il fait son identité, sa culture, son histoire et sa genèse ? Un système éducatif qui ne prend pas en compte les éléments comme les langues nationales ne fait que pénaliser le développement du pays.
Sur cette base, cet article aborde la problématique de l’importance des langues nationales béninoises dans le système scolaire.
Qu’est-ce que l’alphabétisation ?
L’alphabétisation décrit l’acquisition des compétences et des connaissances de base en lecture et écriture nécessaires à chacun. C’est un moteur de développement durable. Elle permet une participation accrue dans tous domaines de la vie.
Importance des langues nationales pour le développement
C’est bien la langue maternelle qui garantit le décollage intellectuel de l’enfant dès le début de la scolarité. Elle lui apporte l’élément fondamental d’équilibre sans lequel il s’atrophie. Elle lui fournit la possibilité de verbaliser sa pensée et de s’intégrer harmonieusement dans le monde qui l’environne.
Dans les écoles du monde entier, les élèves sont désavantagés par le fait que leurs cours ne soient pas dispensés dans leur langue maternelle. L’enseignement dans la langue maternelle est crucial pour optimiser la réussite d’un élève, et ce pour de nombreuses raisons.
Le développement de la première langue d’un élève facilite le développement d’une deuxième langue. En d’autres termes, il est beaucoup plus facile d’apprendre une seconde langue lorsque les élèves ont déjà des bases solides dans leur première langue. Les connaissances et les compétences sont également totalement transférables d’une langue à l’autre.
L’enseignement dans la langue maternelle est également bénéfique pour le bien-être général de l’élève. Les élèves aiment l’école, sont plus heureux et réussissent mieux lorsqu’on leur enseigne dans leur propre langue. À l’inverse, les élèves qui reçoivent un enseignement dans une langue autre que leur langue maternelle sont plus susceptibles d’échouer dans les premières années de scolarité. Ceci peut même les conduire à abandonner complètement l’école.
Les filles sont plus susceptibles d’aller à l’école et d’y rester lorsque la langue d’enseignement est leur première langue, et les parents sont plus susceptibles de s’impliquer dans la scolarité de leurs enfants. À plus grande échelle, l’enseignement dans la langue maternelle souligne l’importance de cette langue et de sa culture, et préserve la langue pour les générations futures.
Initiatives au Bénin pour l’insertion des langues nationales
Depuis octobre 2013, certaines langues nationales béninoises sont enseignées dans quelques écoles. C’est l’une des initiatives prises par l’Etat pour concrétiser le programme d’insertion des langues nationales dans le système éducatif. Celui-ci à été initié par le gouvernement béninois au Conseil des ministres en sa séance du 29 mai 2013.
La jeunesse aussi s’implique pour faire valoir les langues béninoises non seulement sur le plan national mais aussi international. A ce titre nous pouvons citer l’initiative du jeune béninois Fabroni Bill YƆCLOUNON. Il à avec mon équipe conçu l’application mobile Stickers Fongbé et Clavier Langues Béninoises et africaines.
L’utilisation des langues nationales à l’école est non seulement un vecteur de la valorisation de la diversité linguistique, mais aussi un moyen de promouvoir la culture africaine. C’est l’une des raisons qui a motivé le Bénin a adhérer à l’initiative Elan (Ecoles et langues nationales). Elle regroupe huit pays d’Afrique Subsaharienne francophone à savoir : Le Burkina Faso, le Cameroun, le Mali, le Niger, le Sénégal, le Burundi, la République Démocratique du Congo et le Bénin. Ce projet vise à promouvoir et introduire progressivement l’enseignement bilingue à l’école primaire
Quelques difficultés rencontrées
S’il est vrai que les acteurs intervenant dans le processus s’accordent à reconnaître l’opportunité de cette opération, il n’en demeure pas moins que son exécution rencontre de nombreuses difficultés. Par exemple, le choix des langues nationales à introduire à l’école est sujet à des tensions ethno-linguistiques.
Mais un autre problème se pose. Dans les pays comme le Bénin comptant de grandes populations et une multitude de langues, le manque de ressources constitue un obstacle à un enseignement adéquat dans la langue maternelle. Il est coûteux d’employer des enseignants qui parlent couramment chacune des langues indigènes et de fournir des manuels scolaires dans ces langues et culturellement adaptés.
Le continent recèle d’une richesse culturelle immense, diverse et variée. Qu’attendons-nous pour l’exploiter et pour laisser les futures générations prendre conscience de son potentiel. On doit mettre en place une éducation basée sur des contenus africains, un contexte africain et une idéologie africaine. Pour que le programme scolaire soit le plus efficace possible, il doit être rédigé dans leur langue.