La formation professionnelle au Bénin – Levier de développement
Le décrochage scolaire est souvent causé par la résignation des jeunes face à la situation de l’emploi. Au Bénin, malgré que le taux de chômage est de 2,6%, le taux de sous emploi est de 53,9%. Il y a un déséquilibre entre l’offre et la demande. Les jeunes s’investissent de moins en moins à l’école, celle-ci ne tient plus ses promesses vis-à-vis de l’emploi. Les opportunités d’emploi se raréfient et les recruteurs scandent le manque d’expérience des jeunes diplômés. Mais ne dit-on pas que « La formation révèle l’aptitude et le terrain révèle la compétence. » ?
Pour s’en sortir, il faudra redorer le blason de la formation professionnelle. Il faut que le système éducatif propose des parcours qui non seulement correspondent aux profils des étudiants mais également servent les besoins de la nation. L’école devient ainsi un lieu d’apprentissage mais aussi d’orientation et d’insertion dans la vie active.
Qu’est-ce qu’une formation professionnelle ?
La formation professionnelle est un moyen de développer des compétences et d’accéder directement à un emploi. La formation professionnelle permet l’apprentissage directement dans un environnement professionnel. Cette situation permet à l’individu de développer son talent pour une activité particulière et de monnayer directement son savoir-faire sur le marché. de mettre en pratique ce qu’il a appris.
La formation professionnelle n’est pas uniquement liée aux métiers manuels mais ils sont aussi applicables aux métiers administratifs. En effet, elle permet aux jeunes de financer leur éducation tout en acquérant des expériences professionnelles. La formation professionnelle a été trop longtemps à tort assimilée aux métiers artisanaux alors que les administrations sont à la recherche de nombreux professionnels de la gestion, de l’administration, de la comptabilité pour booster leur performance.
Le système éducatif béninois
Le système actuel est purement théorique. Nous avons écrit dernièrement un article sur la décolonisation du système éducatif béninois. Le système actuel produit des intellectuels déconnectés de la réalité des besoins de nos pays. En effet, ils ont été formés pour travailler dans les bureaux. Mais nous savons que le marché béninois présente un déséquilibre entre les emplois disponibles dans les bureaux et le nombre de demandeurs d’emplois. Les jeunes béninois souffrent de la pauvreté. Et, la très forte croissance démographique accentue la difficile situation de l’emploi sur le marché.
Certains secteurs sont porteurs, mais les jeunes ne sont pas dotés d’expérience et se retrouvent face aux demandes très exigeantes de recruteurs. Ils ont des connaissances techniques mais n’arrivent pas à la mettre en pratique.
Ils font face à des abus dans le domaine. Les stages à répétition sont mis en avant. Ils sont souvent sous-payés sous le prétexte d’acquérir de l’expérience.
Comment la formation professionnelle doit-elle s’intégrer dans le système de formation ?
Le système éducatif béninois devrait être réformé et intégrer la formation professionnelle. Cette réforme permettra aux jeunes qui ont une appétence pour certains métiers d’avoir un cadre d’apprentissage. Ils seront mieux suivis, et préparés pour une insertion rapide et qualifiés sur le marché du travail.
3 niveaux de professionnalisation
Il faut mettre en place 3 niveaux de professionnalisation :
- Les métiers manuels : Ils peuvent être accessibles après les classes de 3ème et Terminale. Les élèves en phase de décrochage scolaire ou des jeunes ayant une appétence pour ce domaine pourront intégrer ce parcours. Un parcours qui les formera à des métiers en lien avec des secteurs en développement comme l’agriculture, la pêche, les bâtiments, la boulangerie, la pâtisserie, la restauration mais aussi la couture et les services de beauté. Les jeunes qui le veulent pourront cumuler leur certification avec le diplôme du brevet ou du baccalauréat.
- Les métiers non manuels mais accessibles après les classes de 3ème et Terminale. Les élèves qui sont aussi en phase de décrochage scolaire ou des jeunes ayant une appétence pour ce domaine pourront intégrer ce parcours. Un parcours qui les formera à des métiers de secrétariat, des métiers du numérique. Et à l’issue duquel, ils obtiendront une certification.
- L’alternance : Une formation professionnelle qui permet d’avoir des diplômes de licences ou master professionnels. Les jeunes sont dans des entreprises et peuvent mettre en pratique leurs connaissances tout en suivant leurs formations à l’université. Les rythmes de présence à l’université ou école sont fixés par l’école et acceptés par l’entreprise d’accueil.
Dans les deux premiers niveaux, ils doivent se faire après un passage de l’enfant devant une cellule d’orientation. La cellule doit orienter les enfants en situation d’échecs.
Les avantages de la formation professionnelle
Nous savons que l’établissement de ce système ne peut se faire sans l’aide du gouvernement. Ce système doit représenter un système gagnant pour le gouvernement, la jeunesse béninoise mais aussi pour les entreprises.
Les entreprises ou centres d’accueil
En accueillant ses jeunes au sein de leur organisation, ils permettent d’avoir de la main d’œuvre à des coûts réduits.
Le gouvernement doit leur offrir des avantages afin qu’ils acceptent de former ses jeunes. Des avantages comme des déductions fiscales doivent les inciter à prendre ses jeunes sous leurs ailes. De jeunes motivés, qui ont soif d’apprendre et qui sont là pour se former.
Le gouvernement
La formation professionnelle est coûteuse certes, mais elle représente le moyen d’investir sur la jeunesse pour développer le Pays. En intégrant la formation professionnelle dans le système éducatif béninois, le gouvernement pourrait améliorer l’adéquation entre la formation et l’emploi.
Les avantages de cette intégration sera dans le long terme mais le développement d’un pays dépend des moyens qu’on donne aux jeunes aujourd’hui.
Certains pays ont déjà pris conscience de cet état de fait et ont déjà commencé à mettre en place des centres de formations professionnelles pour l’accès à des emplois décents. Un excellent article a été publié sur la formation des jeunes dans le secteur de la pêche en Mauritanie.
La jeunesse
Ils bénéficieront d’un cadre d’apprentissage inclusive sans préjugé. Tout le monde pourra avoir droit à une égalité des chances. Mais aussi cela représente un moyen de se découvrir. La formation professionnelle leur permet d’avoir les clés pour acquérir des compétences. A l’issue de laquelle, ils seront prêts pour le marché de l’emploi ou pour développer leur propre activité.
On ne peut que partager le souhait de l’Union Africaine : « une Afrique intégrée, paisible, prospère, conduite par son propre peuple, en vue de prendre sa place dans la communauté mondiale et dans la connaissance économique ».
Et aussi ce proverbe chinois : « Ce que j’entends, je l’oublie ; ce que je vois, je m’en souviens ; ce que je fais, je le comprends ».